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Inspiration n°38
La magie du lâcher-prise : se recentrer sur ce qui compte
Imaginez la situation suivante : vous êtes dans une lutte à la corde, sans merci, avec un terrible monstre et vous tenez chacun, vous et lui, le bout d’une corde. Il s’agit de tirer le plus fort possible. Entre vous et le monstre il y a un profond fossé dans lequel celui qui perd tombera dangereusement. Donc, vous tirez le plus fort possible, mais plus vous tirez et plus le monstre tire fortement de son côté, et vous avancez progressivement vers le fossé. Quelle stratégie utilisez-vous alors ?
La société dans laquelle nous sommes nous apprend à nous battre et, si possible, à gagner. Ainsi, peu de gens émettent la réponse suivante : « Je lâche tout simplement la corde ». Cette métaphore illustre bien ce qu’est le lâcher-prise : on n’y pense pas immédiatement, pourtant c’est sans doute une excellente solution.
Ainsi, pour les psychologues, le lâcher-prise consiste à renoncer volontairement à fournir des efforts, à arrêter de passer du temps et une importante énergie à chercher à maîtriser une situation qui n’en vaut pas forcément la peine ou que l’on ne parviendra pas, finalement, à modifier. Il ne s’agit pas de refuser de s’impliquer dans la situation, mais de la voir autrement, en commençant par l’accepter telle qu’elle est, sans vouloir systématiquement la contrôler. Le principe est de prendre conscience que certaines choses échappent à notre emprise. En allant plus loin, le lâcher-prise nous incite à reconnaître que la vie est faite d’incertitudes et d’imprévus. Chercher à tout prix à vouloir tout prévoir et tout contrôler est non seulement impossible, mais est une forte source de stress et d’anxiété.
Ainsi, le lâcher-prise conduit à accepter le réel tel qu’il est, et non tel qu’on souhaiterait qu’il soit. Les philosophes grecs stoïciens expliquaient déjà, à l’époque, qu’à partir du moment où un événement dans la vie ne dépend pas ou plus de nous et que nous ne pouvons pas faire grand-chose pour agir sur lui, il ne sert à rien de stresser. Mieux vaut l’accepter de manière sereine, pour pouvoir, dans un second temps, mieux agir. Déjà à l’époque les stoïciens développaient l’idée du lâcher-prise.
Apprendre à se détacher de certains problèmes, c’est faire un pas vers la sagesse, que l’on illustre parfois par la formule stoïcienne, que l’on peut résumer par « Que l’on me donne, premièrement, la sérénité d’accepter ce que je ne peux pas changer ; le courage, deuxièmement, de changer les choses que je peux effectivement changer, et la sagesse de reconnaître la différence entre les deux. »
Dès lors, apprendre à lâcher prise nous incite à redéfinir nos priorités dans la vie, en fonction du sens que l’on souhaite donner à cette dernière et de nos valeurs. S'impliquer activement dans des situations qui en valent vraiment la peine pour nous et sur lesquelles on peut effectivement agir est une stratégie pertinente et « sage ». Pour les autres situations, nécessitant une grosse énergie de notre part ou sources de stress, à nous d’analyser clairement si le jeu en vaut la chandelle.
Les psychologues ont montré que les personnes qui pratiquent raisonnablement le lâcher-prise acceptent davantage leurs émotions inconfortables, diminuent la pression qu’ils se mettent dans certaines situations de leur vie. Ainsi, elles sont moins stressées et souffrent moins d’émotions négatives. Elles profiteraient mieux des moments présents et des petites joies de la vie.
Il ne s’agit pas non plus de tomber dans l’excès inverse où on serait systématiquement résigné ou démissionnaire face aux événements difficiles de la vie. L’objectif serait bien de changer notre façon de nous comporter face à certaines situations, de manière à être plus sereins, mais également à pouvoir mettre en place des comportements plus efficaces pour mieux faire face aux défis réellement importants dans notre existence.
Sources
Côté, L. (2015). Affronter le stress au travail. In Marquis, N. (dir.). Le Changement personnel. Histoire, mythes et réalités. Sciences Humaines.
Skinner, E. A., Edge, K., Altman, J., & Sherwood, H. (2003). Searching for the structure of coping: a review and critique of category systems for classifying ways of coping. Psychological bulletin, 129(2), 216.